

Chaque année, le très libéral bureau de consultance Pricewaterhouse Coopers (PwC) célèbre début juin une « Tax freedom day ».Selon PwC, du 1er janvier au 8 juin, les Belges ont travaillé pour payer leurs impôts. Après cette date, ils travaillent enfin pour eux-mêmes !
En introduisant ce ‘Tax Freedom Day’, PricewaterhouseCoopers conseille au gouvernement belge « de se concentrer sur la mise en oeuvre de mesures susceptibles d’attirer des investisseurs et sur la simplification du système fiscal actuel. La Belgique est accablée par la charge de l’impôt. Des mesures comme les intérêts notionnels, la diminution de l’IPP et la TVA à taux unique ont déjà bien amélioré le système fiscal belge, mais il y a encore du chemin à parcourir. » Voilà à peu près ce que l’on peu lire année après année. C’était aussi la synthèse du communiqué de presse de l’année dernière de PwC (PriceWaterhouseCoopers). Cette année encore ils vont ressasser leur message imbécile partout où ils pourront dans les médias.
PricewaterhouseCoopers (PwC) est une entreprise internationale d’experts comptables et de conseillers fiscalistes dont le siège social est à Londres. Avec KPMG, Ernst & Young et Deloitte, c’est un des ‘Big Four’.
Voici comment PwC définit un de leurs objectifs : ‘Tax and legal services. Notre vaste gamme de services fiscaux et juridiques se subdivise en trois domaines afin d’aider les organisations à identifier, développer et adapter les idées et solutions fiscales qui créent une efficacité fiscale durable et accroissent la valeur pour l’actionnaire : Structuration fiscale locale et mondiale ; Services de ressources humaines ; Services de conformité comptable et fiscale.’
En d’autres termes : leurs clients sont les grosses fortunes, les gros investisseurs, les multinationales, et les grandes entreprises. Leur but et leur mission : être aussi créatif que possible en ce qui concerne les impôts de leurs clients, c’est-à-dire, “utiliser toutes les ficelles légales pour éviter l’impôt” ce qu’ils reformulent sous l’euphémisme : “ qui créent une efficacité fiscale durable et accroissent la valeur pour l’actionnaire”.
Leur idéal : Plutôt accumuler de la richesse personnelle que contribuer à la richesse de tous. L’évasion ou la fraude fiscale appauvrissent l’état et par conséquent services publics et sécurité sociale (ce dont nous, nos parents, nos grands parents, nos enfants et nos petits enfants avons besoin jour après jour) en sont réduits à la portion congrue. Seuls les plus forts, c’est-à-dire les plus riches, peuvent se passer de ces services. Ils disposent de l’argent nécessaire pour faire face. PwC défend donc “le droit du plus fort” et mène une guerre sociale et fiscale contre les petites gens, les travailleurs et les sans emplois.
Manifestement il ne s’agit pas seulement d’un message trompeur et dangereux, c’est aussi un message débile. Ils introduisent une division artificielle entre travailler pour l’état” et “travailler pour soi”.
Si nous reprenons la fiction de PwC qui place la pression fiscale à 50% des revenus, nous sommes en plein délire, car si ce sont bien les petits et moyens revenus qui supportent les impôts les plus lourds, la majorité des grandes entreprises et des grosses fortunes (et beaucoup de professions libérales) évitent l’impôt par diverses déductions et des constructions fiscales légales ou illégales. Les 500 sociétés qui ont engrangé les plus gros bénéfices en Belgique ne paient que 3,76% d’impôts sur leurs revenus ! Les revenus du capital sont également très peu taxés: il n’y a que 5% des rentrées fiscales qui provient du prélèvement dispensatoire alors que 70% proviennent des salariés, en contributions directes et indirectes.
Il y en a aussi qui réussissent à ne rien payer comme impôt, ou une contribution négligeable, comme Arcelor Mittal, Electrabel, Janssen Pharmaceutica… Une grosse multinationale comme AB InBev a payé l’année dernière zéro euro sur des bénéfices de 6,38 milliards. Même chose pour des groupes comme Solvay et KBC. Exxon Mobil paie royalement 1019 euros d’impôts sur des bénéfices de plus de 5 milliards d’euros.
Dans la fiction de PwC, nous devrions donc fêter le Tax Freedom Day des dizaines de fois. Pour certains, c’est déjà le 2 janvier, pour d’autres le 10 janvier, pour d’autres encore fin janvier. Il y en a qui peuvent sabrer le champagne à la mi-mars ou fin mars. Seuls le commun des mortels qui n’a pas accès à de subtils montages fiscaux reste à la traîne jusqu’au début juin.
Mais c’est là une image trompeuse et un deuxième mensonge de PwC : il n’y a aucune distinction entre travailler pour l’état et travailler pour soi. Chacun, tout au long de l’année, travaille à la fois pour l’Etat, c’est-à-dire pour la collectivité, et, indirectement, aussi, pour lui-même.
Et nous ne travaillons évidemment pas ‘pour l’état’, un concept que certains libéraux et les fanatiques de l’opposition à l’impôt aux Etats-Unis utilisent volontiers parce que pour eux un état social, des allocations, des services publics, tout cela représentent déjà des formes de socialisme (quand le président Obama demande une assurance santé pour tous, il est accusé de communisme).
Nous travaillons tout à la fois pour la construction de notre système social et du bien-être collectif (soins de santé, soins aux personnes, enseignement, culture, bibliothèques publiques, musées, centres sportifs, parcs, domaines naturels, piscines publiques, voirie, transports, etc.) mais aussi pour notre consommation personnelle (loyer, nourriture, auto, gsm, ordinateur, etc.).
Rappelons que personne, même les plus nantis, ne peut se passer de notre système social. Il nous est d’ailleurs envié partout et nous pouvons en être fiers.
Notre système social. Oui, les riches en ont peut-être moins besoin, mais c’est grâce à lui que leurs enfants bénéficient d’un enseignement bon marché et de qualité ; eux aussi peuvent tomber malades et se réjouir de la qualité de nos soins de santé, leurs parents et grands-parents peuvent avoir besoin de soins ; ils profitent de nos musées et utilisent les routes entretenues par l’état, en fait elles leur sont parfois indispensables pour réaliser des bénéfices sur lesquels ils voudraient ne pas payer d’impôt.
Le plus gros mensonge de PwC, c’est de présenter la Belgique comme un pays où l’imposition est lourde, alors qu’en fait, si les salariés paient effectivement trop, la plupart des grosses fortunes et des grandes entreprises échappent au fisc.
Il faut changer la répartition de la charge de l’impôt entre salariés et grosses fortunes ! Les entreprises reçoivent bien trop de cadeaux fiscaux. Il faut qu’elles participent équitablement.
Voilà pourquoi nous exigeons une fiscalité juste.
Et proposons une ‘Tax Justice Day’, une journée pour la justice fiscale.
Rendez-vous le 31 mai à 14 H au Mont des Arts (Bruxelles), pas loin de la gare centrale, mais aussi tout près du siège de la FEB – les travailleurs savent pourquoi !)
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